Chafik Ben Rouine et Jihen Chandoul, deux des fondateurs de l’OTE nous présentent leur association. Au départ, pour ces jeunes conscients des enjeux économiques liés à leur pays, il s’est agi de mettre en place un audit de la dette, puis de réagir aux accords FMI-Tunisie, de prendre part aux contre-pouvoirs face à un gouvernement qui accumule les réformes néolibérales sous l’influence des institutions financières internationales.

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« La révolution a permis la liberté d’expression et d’association. 7000 associations sont nées en Tunisie depuis 2011 ! La société civile d’après révolution était très axée sur les libertés civiques. Elle a eu un rôle clé dans le processus démocratique, mais les questions sociales, environnementales et économiques étaient peu présentes » lance Chafik.

Dans le processus d’écriture de la nouvelle constitution (votée en 2014), l’OTE était de ceux qui ont fait pression sur les députés pour que les droits économiques et sociaux ne soient pas négligés. Il s’agissait d’une étape clé pour que les mouvements sociaux puissent ensuite appuyer leurs combats sur les articles de cette constitution.

L’OTE travaille également au renforcement du rôle de l’assemblée. L’association soutient également les 20% des parlementaires qui peuvent être considérés comme des contre-pouvoirs. Chafik, Jihen, Leila et la dizaine d’autres membres très actifs décortiquent les projets de lois pour proposer des amendements, analysent les politiques publiques et réalisent un travail de vulgarisation.

Vulgariser les questions économiques pour permettre une implication citoyenne « Il y a une très forte demande de formation au décryptage de l’économie », nous assure Jihen, au vu des taux de présence aux formations qu’ils organisent. L’association propose des ateliers auprès d’étudiants ou de journalistes qui travaillent sur des questions économiques. Ils animent en ce moment, dans différentes villes, des ateliers pour comprendre les propositions de budgets publics. L’idée est de permettre aux citoyens de participer localement à la construction des budgets de leurs localités. Le processus démocratique prévoit dans son travail de décentralisation la mise en place d’élections municipales prochainement.

L’OTE créé également des infographies, visuels clairs et simples, qui mettent en évidence « les subterfuges utilisés par le gouvernement pour que seul le profit règne ». Avec d’autres acteurs, l’OTE réalise un travail de plaidoyer sur différentes questions : justice sociale, lutte contre l’exploitation du gaz de schiste… De plus en plus d’associations locales se mobilisent pour défendre leurs droits. Une nouvelle étape de la construction démocratique tunisienne est en route, cela prendra du temps et les obstacles sont nombreux. Avec beaucoup de clairvoyance, l’OTE anime, avec des méthodes d’éducation populaire, les questions économiques.

Maelle Colmagne