Question à tous les participants : combien l'industrie agroalimentaire consomme-t-elle d'eau pour produire un kilogramme de bœuf ? Le groupe « Laos » lève son ardoise : 10 000 litres. Réponse exacte. Côté « Tunisie », on avait un peu exagéré, mais vu juste pour le poulet, 3 500 litres. Une participante jette un dé, le pion progresse de trois cases. « Dans le village de Long lan, pourquoi avez-vous résisté à l'appel de la multinationale Latexasia ? »



C'est Françoise Schwartz qui anime le jeu. Chargée du développement associatif en Rhône-Alpes pour le CCFD-Terre solidaire, elle est d'autant mieux placée qu'elle est l'une des conceptrices de ce jeu de plateau pédagogique né en mai dernier.
Le tout premier exemplaire finalisé était présenté au public jeudi 10 décembre dans le cadre de la mobilisation qui a réuni plusieurs milliers de personnes à la Zone d'action climat organisée du 7 au 11 décembre au Centquatre à Paris.
Climalimenterre, comme son nom le laisse deviner, « traite de toutes les questions reliant le dérèglement climatique à l'agriculture et l'alimentation : il s'agit de faire comprendre comment la problématique s'articule avec l'accaparement des terres ou les dégâts commis par les multinationales », explique l'animatrice.

Prévu pour accueillir jusqu'à six équipes « pays » de cinq joueurs « villageois », Climalimentaire est taillé pour les classes de collège et l'interactivité des équipiers. Si l'Etat d'urgence n'a pas permis d'accueillir le public scolaire comme prévu, le public présent est content de découvrir le jeu.
Clément, « militant écolo », est séduit par l'approche ludique, « qui tranche avec les messages moralisateurs, pas très mobilisateurs. » Margaux, d'Ingénieur sans frontière, apprécie l'apport d'éléments de fond, tout comme Geneviève-Gaël, d'Oxfam Québec, animatrice dans le domaine de la justice sociale. « Ce type de stratégie de communication et d'éducation m'inspire ! » dit-elle.

Une joueuse de renom est présente ce matin-là, Danielle Auroi, députée EELV qui a choisi le groupe « Bangladesh ». Inondations, riz OGM, salinisation des terres, etc. « Il est nécessaire d'aller faire pression sur Laurent Fabius, président de la COP21, mais tout autant de réaffirmer notre soutien aux ONG avec lesquelles nous travaillons tout au long de l'année, comme le CCFD-Terre solidaire sur la responsabilité sociale des entreprises, justifie la députée. Les citoyens et les acteurs locaux sont essentiels pour relever le défi climatique. »

Et puis, ajoute-t-elle avant de filer pour un meeting dans sa circonscription du Puy-de-Dôme, « ce jeu est formidable ! » Un avis partage par le groupe de sympathisants du CCFD-Terre Solidaire qui assaille gentiment Françoise. « S'il-vous-plaît, il faut l'éditer, le divulguer ! On pourrait en faire fabriquer une centaine, au moins un par diocèse. Ça va marcher formidablement ! »

Patrick Piro